Deuxième volet de la « Trilogie de l’Invisible » de Bruno Abraham-Kremer
Ecrit pour un spectacle conçu, mis en scène et interprété par: Bruno Abraham-Kremer
Musique originale composée et interprétée par : Mahmoud Tabrizi-Zadeh
Chants soufis bengalis, sûtras tibétains, chants de Tagore interprétés sur scène par : Sharmila Roy
Scénographie : Philippe Marioge
Lumière : Franck Thévenon
Assistantes à la mise en scène : Florence Hinneburg & Corine Juresco
Costumes : Charlotte Villermet
Collaboration artistique : Jampa Tcheuki
Production: Théâtre de l’Invisible, Théâtre Vidy – Lausanne et Les Gémeaux / Sceaux / Scène nationale
Le spectacle a été créé au Théâtre Vidy-Lausanne en 1997, puis joué au Festival d’Avignon et repris à Paris au Théâtre du Renard en 1998 et aux Gémeaux / Scène Nationale de Sceaux en 1999. Il a été rejoué au Musée du Quai Branly en 2012..
« La Trilogie de l’Invisible »
Un projet de Bruno Abraham-Kremer
Trois spectacles, trois histoires venant de traditions différentes pour interroger par le théâtre la même énigme, «l’Homme».
Chaque histoire de cette trilogie s’impose à moi avec la même nécessité puisqu’elle s’enracine au cœur de ma vie, de mes propres expériences d’homme et d’acteur. Comme si chaque spectacle me donnait la confiance nécessaire pour faire naître le suivant. Un mélange de réalité, de fiction, de rêve, une tentative pour essayer de devenir “l’acteur de ma Vie”.
C’est juste après la création du Golem que j’ai entrepris un premier voyage vers le Tibet sans vraiment savoir ce qui m’attirait si fortement vers cet Himalaya, peut-être était-ce simplement au départ parce que c’était l’endroit
le plus haut, le toit du monde et puis après une rencontre et une visite dans l’une des grottes où Milarepa a séjourné, j’ai lu sa vie et l’évidence s’est imposé à moi : ce serait la seconde histoire de cette Trilogie de l’Invisible.
J’avais été touché dans le Golem par cet « homme d’argile », qui voulait sortir de sa condition de serviteur céleste. Cette créature innocente mais servile, qui préférait souffrir pour devenir un être humain et pouvoir aimer…
Milarepa lui, « l’homme de coton », malgré son destin exceptionnel, héroïque, reste un humain. Voilà sans doute pourquoi il me touche si intimement. C’est un mystique extravagant, inclassable qui est au-delà de toutes les formes habituelles… un esprit libre.
Ce sont les obstacles, la lutte qui l’ont aidé à se construire. Cette lutte pour essayer de devenir un être humain me parle de moi, son engagement total dans ce qu’il entreprend que ce soit pour se venger et faire « le mal » ou que ce soit plus tard les épreuves qu’il acceptera pour obtenir les enseignements de Marpa. Il va si totalement au bout de lui-même, il est double si fortement qu’il réussit à dépasser la dualité.
Il est l’exemple rare d’un homme qui réussit à sacrifier sa souffrance !
Alors quelle plus belle histoire pour cette seconde partie de la Trilogie de l’Invisible, pour tenter une fois encore de comprendre par le Théâtre, le mystère de l’humain et la chance d’avoir un corps, une Vie.
Bruno Abraham-Kremer
« En m’exerçant à la douceur,
j’ai oublié la différence entre moi et les autres.»
Milarepa
Le spectacle
Simon a découvert qu’il n’était sans doute pas l’homme qu’il croyait…
Toutes les nuits, ses rêves l’emmènent vers une vie antérieure sur les hauts plateaux de Tibet où, il y a neuf siècles, il combattit le grand Yogi Milarepa.
Pour expier cette haine, il est condamné, d’incarnation en incarnation, en frappant à la porte de ses rêves, à raconter cent mille fois l’histoire de son ennemi.
Milarepa fut criminel, magicien, ermite cloîtré, fou divin ou poète errant, éveillant ceux qu’il croisait à cet « océan de joie » qu’est la Vie.
Devenu un héros spirituel, il est pour les Tibétains un Bouddha vivant, pourtant, toujours il reste un homme, loin de l’image d’un Dieu ou d’un saint coiffé d’une auréole.
Et si, ce soir… Simon racontait l’histoire pour la cent millième fois ?
Et, si ce soir, il obtenait enfin la délivrance ?
Et si, ce soir…nous n’étions pas là par hasard ?
« Sous l’emprise de la vérité ultime
Il n’y pas de méditant, pas d’objet à méditer
Il n’y a pas de signe d’accomplissement
Pas d’étapes, ni de voie à parcourir
Pas de sagesse ultime, pas de corps de Bouddha.
Ainsi Le nirvana n’existe-t-il pas
Tout cela n’est que mots, façon de dire.
Il dit … et il demeura immobile. »
Milarepa
Extraits de presse
TELERAMA
Beau et spirituel spectacle qui mêle grâce et gravité au rire intérieur des sages.LE QUOTIDIEN DU MEDECIN
Un très beau et pur moment de théâtre, d’une très belle écriture.
LE JOURNAL DU DIMANCHE
Extraordinaire jeu solitaire de l’acteur -metteur en scène Bruno Abraham-Kremer qui accompagné de chants indiens et de sutras tibétains, crée l’illusion de ce superbe hymne à la vie.
L’HUMANITE
La surprise quasi magique, comme une offrande, tient à l’interprétation de d’une simplicité antique d’un acteur à l’évidence inspiré: Bruno Abraham-Kremer. »PARISCOPE
De toute beauté !Milarepa est un conte initiatique qui nous entraine au coeur de nous même. L’interprétation de Bruno Abraham-Kremer est d’une grande finesse.Il nous emmene par delà les montagnes, par delà les épreuves en passant d’un personnage à l’autre avec une belle aisance. On sort enchanté le coeur un peu plus pur et léger.
LE JOURNAL DE GENEVE
Sur la scène du Théâtre Vidy, c’est Bruno A-Kremer qui interprète Simon, le héros de Milarepa, «l’homme de coton» . Mais est –il vraiment Bruno A-Kremer ? Incarnant Simon, n’est –il pas lui même Svastika ? et en fin de compte, faisant de ce rêve un spectacle ne fait-il pas du coup de chaque spectateur un Svastika en puissance ? Tel est le vertigineux questionnement auquel nous convient Bruno A-Kremer et ses compagnons de scène : le hiératique musicien Mahmoud Tabrizi-Zadeh et l’envoûtante chanteuse Sharmila Roy. Questionnement qui nous emmène dans un univers où tout nous semble vivre que par la force des mots.LE MONDE
L’air des cimes tibétaines traverse ce monologue confié à un homme d’aujourd’hui. … E.E Schmitt s’empare de cette histoire avec une belle simplicité, une foi, une sorte de belle lumière qui donne à sa plume la sincérité, l’allant, les éclats…
NICE MATIN
Le comédien interprète avec bonheur tous les rôles. Un monologue riche dans le fond et d’une belle simplicité dans la forme, comme le réclamait le sujet. Le mystique Milarepa diffuse l’expérience de son destin « pas de sagesse définitive …Le Nirvana n’existe pas, tout cela n’est que mots, façon de dire… ». en tout cas, la façon de dire de Bruno Abraham-Kremer est particulièrement réussie.
LA MARSEILLAISE
Bruno Abraham-Kremer a conçu et mis en scène ce spectacle. C’est peu de dire qu’il y est parfait…La musique de Mahmoud Tabrizi-Zadeh et les chants de Sharmila Roy envoûtent sans hypnotiser…Vous croyez que le théâtre pour dire des choses essentielles n’a besoin que de l’essentiel : un espace nu, un beau texte direct, un acteur inspiré, la musique, le geste ? Alors, Milarepa est un spectacle pour vous. Le théâtre dans sa pureté splendide.
FRANCE INTER / Le masque et la plume
J’ai aimé ce spectacle. J’ai vu hier soir un interprète absolument remarquable, qui fait sans esbroufe quelque chose d’extrêmement difficile, qui est de nous conduire sur ces chemins escarpés de l’âme, du bien et du mal et du combat sans fin que nous menons tous. Bruno Abraham-Kremer m’avait beaucoup impressionné dans le Golem, je l’ai retrouvé là seul en scène, humain, trop humain, esprit déchiré. Je trouve que son travail d’acteur est extrêmement sensible, fait avec beaucoup de finesse et de délicatesse. E Schmitt prouve qu’il est un très bon écrivain. Avec beaucoup d’humilité, s’inspirant d’histoires vraies et d’histoires légendaires, il s’est mis au service du chemin de Bruno Abraham-Kremer.C’est très beau !
LE TELEGRAMME DE L’OUEST
Un acteur merveilleux…une mise en scène très subtile. Ce conte est une initiation à la philosophie bouddhiste et un superbe hymne à la vie.24 Heures
Une heure trente d’enchantement par la grâce des mots et de la musique. Avant d’entrer en religion, le poète Milarepa s’appelait Thö-pa-ga, ce qui signifie « celui qu’on écoute avec délice », un nom fait sur mesure pour Bruno Abraham-Kremer servi par l’écriture savoureuse de E.E Schmitt. »
Rencontre…
Le texte est publié aux éditions Albin Michel
Dire que le théâtre a un rapport avec le sacré, c’est enfoncer une porte ouverte. Mais c’est une bonne porte, et une porte qui n’est pas si empruntée qu’on le croit.
J’ai rencontré Bruno Abraham-Kremer lorsqu’il faisait un spectacle sur le Golem. Avec la seule force de son jeu et de notre imagination, il arrivait à faire vivre cette légende juive. J’ai immédiatement aimé l’élégante économie de moyens, la versatilité du jeu, l’humanité profonde du personnage. Nous nous sommes rencontrés.
Pour lui, parce que nos chemins se croisaient sur les montagnes imaginaires du Tibet, j’ai écrit Milarepa, l’Homme de coton, une évocation actuelle du grand sage bouddhiste du Xl ème siècle.
De là est née l’idée d’un cycle consacré à l’Invisible, à la spiritualité, la vraie, celle qui nous permet de vivre, qui nous tient le dos plus droit qu’une colonne vertébrale, aux spiritualités de cultures différentes qui ont quelque chose à nous dire. Aujourd’hui le voyage continue avec le mouvement Soufi, une des formes mystique, poétique et antilégaliste de l’lslam. Il mène au Croissant d’Or et il a emprunté un tapis volant…
Eric-Emmanuel Schmitt