Troisième volet de la trilogie de l’invisible
Un texte de Eric-Emmanuel Schmitt
écrit pour Bruno Abraham-Kremer
Conçu, mis en scène, et interprété par Bruno Abraham-Kremer
Musique originale et chants interprétés sur scène par Aram Kerovpyan
Scénographie : Philippe Marioge
Assistante mise en scène : Corine Juresco
Lumière : Arnaud Veyrat
Création sonore : Thierry Balasse
Costumes : Charlotte Villermet
Après la création aux Gémeaux / Scène Nationale de Sceaux et le Festival d’Avignon en 2001, le Studio des Champs-Elysées en 2002, le Théâtre Marigny en 2004, après une longue tournée dans plus de 21 pays le voyage de Mr Ibrahim continu… près de 600 représentations !
Paris dans les années 60. Momo à 13 ans se retrouve livré à lui-même. Il a un ami, un seul, Monsieur lbrahim, l’épicier arabe de la rue Bleue. Mais les apparences sont trompeuses : un homme pointe sous l’enfant, l’épicier n’est pas arabe et la rue Bleue n’est pas bleue… Entre ses conserves, ses boîtes d’allumettes, ses fruits et légumes et son sourire malicieux, on trouve tout chez Monsieur Ibrahim ! Ce vieux Soufi, ordinaire et excentrique entraînera Momo depuis les rues d’un Paris populaire, jusque sur les routes du Croissant d’Or à la recherche de ces chercheurs de vérité, ces hommes qui vont lui apprendre à danser sa vie.
Comme pour le Golem et Milarepa ce troisième spectacle de « la Trilogie de l’Invisible » prend sa source au coeur de ma vie, de mon enfance avec mon grand-père rue Bleue, et s’enracine dans une grande tradition, le soufisme. Le voyage continue… cette fois il a emprunté un tapis volant !
Avec lui nous suivrons Momo dans son voyage initiatique jusqu’en Anatolie, à la recherche des « Mevlavi » – dont Mr Ibrahim fait partie- une confrérie mystique créée par Djellal-ud-din-Rumi, grand poète mystique persan du 13 ème siècle, dont la vie toute entière symbolise ce chemin de l’Amour.
« Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran »… une histoire toute simple où un jeune garçon juif et rebelle rencontre un vieux sage Musulman qui va devenir son grand-père adoptif.
Une rencontre qui nous aidera peut être à sentir que souvent le miracle de la réconciliation est là, plus proche parfois qu’on ne l’imagine, au bout de la rue peut-être, chez quelqu’un que l’on n’a jamais pris la peine de regarder ou d’écouter…
« Ce que tu donnes est à toi pour toujours,
ce que tu gardes est perdu à jamais »
Proverbe Soufi
À propos du soufisme
Un grand maître Soufi disait: « Parler du Soufisme, c’est trahir le Secret, la vérité de l’expérience… mais ne pas en parler, c’est garder le Secret pour soi…et donc trahir le secret de l’Amour ! » à quoi cet autre maître répondait « Ce que tu donnes est à toi pour toujours, ce que tu gardes est perdu à jamais ! ».
Alors essayons…
Le Soufisme est la voie ésotérique de l’Islam, une voie initiatique, une voie parallèle, dont l’ensemble des confréries « forment les branches de fleuves qui se jettent dans une mer unique …”
C’est aussi une tradition populaire, antérieure à la religion islamique. C’est la voie des gens simples, des pauvres, des derviches errants qui sont juste couverts d’un manteau de laine rapiécé, le SOUF.
Avec pour guide Monsieur Ibrahim, nous tenterons d’approcher l’univers de ces chercheurs de Vérité, comme les “Halevi”, une confrérie qui recommande de chanter les plaisirs de la vie pour honorer Dieu, qui souhaite séparer le culte et la gestion de l’État, qui associe les femmes à la réjouissance divine et même le vin à certains rituels… ! Peut-être alors, découvrirons nous un autre visage de l’Islam !
Nous suivrons Momo dans son voyage initiatique sur la route du croissant d’Or, à travers l’Anatolie, la Perse et le Sind à la recherche des “Mevlavi” – dont Mr Ibrahim fait partie – cette confrérie mystique créée par Rumi, grand poète mystique persan du 13ème siècle, dont la vie symbolise toute entière ce chemin de l’Amour.
Si le soufisme est la Voie du dévoilement, le chemin que propose Rumi est celui de l’Amour dévoilé. Rumi est au dela des dogmes et des religions, il est le poète de la Voie, l’Amoureux par excellence. C’est lui qui fonda ce cérémonial, le Sema, que nous connaissons sous le nom folklorique de Derviches tourneurs : ces hommes “qui foulent avec leurs pieds le raisin de la vie pour en extraire le vin de l’esprit”. Sans relâche, ils tournent autour de leur cœur, lieu de la présence divine, car tels des grains de poussière les derviches tournent autour de Dieu, à la recherche de la fusion, de l’Unité.
Comme le papillon le vrai Soufi veut faire l’expérience de la Lumière, il veut la connaître. Pour cela un seul moyen, il vole sans peur vers le centre de la flamme et en disparaissant s’unit à elle.
Notre seule religion c’est l’homme
Devise Soufi
Extraits de presse
LE FIGARO
II surgit, seul en scène, et saisit immediatement un public qu’il subjugue par I’accent de vérite de ce conte tout en pleins et en deliés qu’a écrit pour lui Eric-Emmanuel Schmitt.Belle et déchirante histoire que celle du petit Momo, abandonné par sa mère, mal aimé par son père et qui trouve en Monsieur Ibrahim, celui qu’il appelle l’épicier « arabe » – il est musulman soufi – un ami puis un père adoptif, et tout de suite, un maître spirituel delié et fraternel.
La gravité et la fantaisie s’enlacent, le rire et les larmes se mêlent. L’interprète, sensible, profond, tout en souplesse et tact, raconte ici sa propre vie.
Qu’on le sache ou pas, on est transpercé. Bruno Abraham-Kremer est un grand acteur d’une humanité rayonnante.
PARIS MATCH
A l’heure où le monde vibre plus que jamais des fanatismes de tous bords, où la religion prend les armes de la conquête, voici un magnifique spectacle en forme de conte qui réconcilie l’homme avec lui-même.Ecrit spécialement pour le comédien Bruno Abraham-Kremer, le texte d’Eric-Emmanuel Schmitt est d’une simplicité et d’une humanité bouleversantes. Accompagné sur scène par le musicien Aram Kérovpyan, l’acteur orchestre avec humour, subtilité et énormément de talent les émotions les plus profondes et les plus vives.
On rit, on pleure, c’est prodigieux !
FRANCE INTER/Le Masque & la Plume
Bruno Abraham-Kremer est formidable, on ne peut qu’aimer ce comédien qui joue avec un charme et une malice absolue…
TELERAMA
Elle est belle et généreuse, pleine de lumière et de tolérance, l’histoire d’Eric-Emmanuel Schmitt. Interprétée et mise en scène avec une affectueuse et tendre simplicité par Bruno Abraham-Kremer, elle fait chaud au cœur et émerveille. Comme un conte arabe, comme un conte des Mille et une Nuits qu’on vous susurrerait doucement à l’oreille.FRANCE INTER/Le Masque & la Plume
Un très jolie conte, admirablement interprété par Bruno Abraham-Kremer… un très beau texte de Schmitt. Un miracle d’Avignon…
PARISCOPE
Eric-Emmanuel Schmitt a écrit un « hymne à la vie », plein d’humour et de tendresse. (…) Le parcours initiatique de Momo devient un peu le nôtre. C’est aussi une promenade dans le Paris populaire des années 60, où l’on croise des putes au grand cœur. L’écriture Eric-Emmanuel Schmitt est belle, il y a de la folie, comme chez Romain Gary. L’interprétation de Bruno Abraham-Kremer est toute en rondeur, en bonheur, en douceur.Il nous chope à la gorge avec ce trop plein d’amour. Tous deux nous donnent vraiment envie d’être heureux !
FIGAROSCOPE
Eric-Emmanuel Schmitt a écrit un monologue d’une très belle sensibilité. Ce n’était pas si simple, l’angélisme guettant un tel sujet. Mais Schmitt sait éviter les écueils des bons sentiments et résister à la tentation d’étaler sa culture religieuse. La qualité du spectacle tient beaucoup aussi à l’interprétation de Bruno Abraham-Kremer, magnifique de tendresse et d’émotion. Seul en scène, il impose sa belle humanité. On sort heureux.RFI
Une très belle leçon de tolérance… une pièce et une intréprétation pleine d’humour mais aussi de beaucoup de tendresse… et je dois vous dire que vous m’avez arraché ma première larme de ce Festival d’Avignon…
ZURBAN
Ce beau texte, écrit par Eric-Emmanuel Schmitt pour Bruno Abraham-Kremer, tient du conte populaire, de la fable mystique et du voyage initiatique.Sous-titré L’Homme réconcilié, ce troisième volet de la Trilogie de l’Invisible raconte l’histoire tendre et drôle d’un gamin au franc-parler et de l’épicier arabe de sa rue, vieux sage soufi mystérieux. Il enseigne à l’enfant que le sourire est une clé du bonheur, et d’autres préceptes : « Ce que tu donnes, Momo, c’est à toi pour toujours, ce que tu gardes, c’est perdu à jamais » ; « Arabe, ça veut dire ouvert de 8 heures du matin jusqu’à minuit et même le dimanche dans l’épicerie ». Mais peut-être que l’enfant n’est pas juif ni l’épicier musulman. Avec une bonhomie souriante et grave, l’acteur nous conduit au-delà des apparences.
LE PARISIEN
Un conte savoureux et drôle.C’est une jolie fable qu’a écrite Eric-Emmanuel Schmitt, et Bruno Abraham-Kremer en fait admirablement ressortir la portée œcuménique qui respecte la grande tradition des conteurs arabes, sans renoncer un instant à sa judéité et à la forme d’humour qui en découle tout naturellement.
Le récit, savoureux, pittoresque et drôle, s’avère ainsi émouvant sur le plan humain et instructif sur celui des idées reçues. Car il y de la subtilité dans l’approche des personnages.
Ajoutons les accents prenants de la musique d’Aram Kérovpyan qui l’accompagne discrètement et précisons que ce musicien d’origine Arménienne est un spécialiste de la liturgie arménienne. Là encore, il y a un parfum d’œcuménisme dans l’air !
VSD
A lui seul, le titre de cette pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt est une invitation au voyage. Bruno Abraham-Kremer, interprète et metteur en scène nous emmène effectivement dans un émouvant voyage, celui de Momo, petit juif en manque d’affection, dans les années soixante.Face à cette simplicité, à cette évidence du bonheur, on ne peut s’empêcher de cogiter, de penser à soi. Du fond de la scène, des chants liturgiques arméniens s’élèvent comme pour renforcer la beauté et l’authenticité du voyage. Bruno Abraham-Kremer, qui incarne les deux personnages, est d’une incroyable présence.
La petite étincelle qui brille au fond de ses yeux semble vouloir nous persuader de le suivre. On est conquis.
Extrait du texte…
Publié aux éditions Albin Michel
On a fini dans les jardins secrets du Palais Royal où là, monsieur Ibrahim m’a payé un citron pressé et il a retrouvé son immobilité légendaire sur un tabouret de bar, à sucer lentement une Suze-anis.
Je le regardais savourer sa Suze-anis.
– Je croyais que les musulmans, ça ne buvait pas d’alcool.
– Oui, mais moi je suis soufi.
Bon, là, j’ai senti que je devenais indiscret, que monsieur Ibrahim ne voulait pas me parler de sa maladie –et après tout, c’était son droit – ; je me suis tû jusqu’à notre retour rue Bleue.
Le soir, j’ai ouvert le Larousse de mon père. Fallait vraiment que je sois inquiet pour Monsieur Ibrahim, parce que vraiment, j’ai toujours été déçu par les dictionnaires.
« Soufisme : courant mystique de l’islam, né au VIII° siècle. Opposé, au légalisme, il met l’accent sur la religion intérieure. » Voilà, une fois de plus ! Les dictionnaires n’expliquent bien que les mots qu’on connaît déjà.
Enfin, le soufisme n’était pas une maladie, ce qui m’a déjà rassuré un peu, c’était une façon de penser – même s’il y a des façons de penser qui sont aussi des maladies, disait souvent Monsieur Ibrahim. Après quoi, je me suis lancé dans un jeu de piste, pour essayer de comprendre tous les mots de la définition.
Bref de tout ça, il ressortait que Monsieur Ibrahim avec sa Suze-anis croyait en Dieu à la façon musulmane, mais d’une façon qui frisait la contrebande, car « opposé au légalisme » et ça, ça m’a donné du fil à retordre…
Et puis les gens du dictionnaire ajoutaient que le soufisme avait été crée par deux mecs anciens, al-Halladj et al-Ghazali, qu’avaient des noms à habiter dans des mansardes au fond de la cour – en tout cas rue Bleue – et ils précisaient que c’était une religion intérieure, et ça, c’est sûr qu’il était discret, monsieur Ibrahim, rapport à tous les juifs de la rue, il était discret.